Les expressions spécifiques au contrôle aérien

Le jargon aéronautique rassemble finalement beaucoup de jargons des différents métiers de l’aérien. Certaines expressions sont communes car utilisées par plusieurs professions mais d’autres sont spécifiques car d’un usage interne. En voici quelques exemples…

Premier exemple de notre jargon : Shooter un avion

Les contrôleurs aériens dialoguent avec les avions sur des fréquences radios dédiées correspondant souvent à des zones géographiques dans laquelle ils sont responsables de la sécurité des appareils[1].

Lorsqu’un contrôleur transfère un vol sur une autre fréquence que la sienne, nous utilisons l’expression «shooter en fréquence un avion». Nous utilisons aussi le terme «envoyer en fréquence».

Sur les interfaces actuelles utilisées pour l’en route[2], une fonction baptisée «Shoot Request» a été créée pour permettre de demander l’envoi d’un avion sur sa fréquence de manière électronique [3].

Oups! Non, en contrôle aérien, « shooter un avion », ce n’est pas ça. Peut-être pour un pilote de chasse. Comme quoi, il faut faire attention au jargon de chacun.

Jargon, deuxième exemple : Avoir de la famille dans l’avion

Il peut arriver qu’un avion transite dans une zone géographique[4] sous la responsabilité d’un binôme de contrôleurs et que ce dernier l’oublie car, ne posant pas de problème, il est évacué de la liste des éléments «à problème». Les contrôleurs du secteur suivant attendent que l’avion leurs soit «shooté». Ils vont patienter un peu, si le trafic le permet, avant de le réclamer, laissant là le temps aux autres de rectifier cet oubli.

Pour plaisanter, le contrôleur qui attend l’avion peut demander à son collègue «s’il a de la famille dedans». Il sous-entend par là qu’il ne veut pas lui confier la responsabilité du vol. En gros, un peu comme s’il n’avait confiance qu’en lui même pour contrôler ce vol dans lequel il aurait des êtres chers.

Un avion release ou relâché

Normalement, lorsque des contrôleurs aériens se transfèrent un vol, il le font suivant un contrat appelé «coordination sortante»[5] et «coordination entrante» [6]. Ces coordinations sont automatiques via des accords qui en fixent les conditions. Dans certains cas, elles peuvent aussi résulter d’une négociation entre les deux secteurs… D’une manière générale, les contrôleurs du secteur dans lequel entre le vol ne peuvent pas agir dessus tant qu’il n’est pas physiquement dans leur zone [7].

Dans le cas où l’avion s’annoncerait «release» ou «relâché», le contrôleur pourrait agir dessus dès qu’il arrive sur sa fréquence. Cette mention «release», «relâché» ou encore «libre» aurait aussi pu être donnée par les contrôleurs du secteur précédent…

Cette appellation sert à dire à un contrôleur qu’il peut agir sur l’avion même s’il n’est pas encore chez lui. Des restrictions peuvent exister sur les libertés offertes. Un vol peut ainsi être «relâché pour plus haut» s’il peut poursuivre sa montée. Ça ne lui donne pas le droit de le tourner pour autant.

  1. [1]Ces zones sont appelés «secteurs».
  2. [2]Le système ODS
  3. [3]Avant cette fonction, il fallait nécessairement décrocher son téléphone et appeler son collègue. Éventuellement, pour des gens travaillant à proximité, une interpellation pouvait suffire.
  4. [4]Ces zones géographiques sont appelés secteurs pour les centres de contrôle en route.
  5. [5]Pour le secteur dont sort le vol.
  6. [6]Pour le secteur dans lequel entre le vol.
  7. [7]Sauf si un accord spécifie le contraire.