Il y a « rattrapage »

nous avons déjà évoqué plusieurs fois du jargon du métier. Cette fois, nous allons aborder un terme assez compréhensible : le rattrapage. Le rattrapage s’avère être courant dans notre métier mais voyons en quelques mots ce qui se cache derrière ce terme.

Assez intuitivement, un rattrapage traduit le fait qu’un avion vole plus vite que son prédécesseur sur la même route. En cela, nous retrouvons la définition commune du terme. La spécificité dans le contrôle aérien réside dans l’absence de plusieurs voies dans les « routes aériennes ». Bref, faire doubler l’avion qui rattrape peut être plus compliqué qu’il n’y paraît.

Les solutions qui s’offrent aux contrôleurs aériens

La réduction de vitesse

Il peut demander à l’avion rapide de réduire sa vitesse pour le caler à la même vitesse que son prédécesseur. Réduire la vitesse d’un avion n’est pas sans conséquence [1] et encore faut-il que ce soit possible : ainsi, par exemple, réduire un Airbus A320 derrière un TBM 700 au niveau de vol 280 (28 000 pieds) est virtuellement impossible et il faut donc trouver d’autres astuces.

Le changement de niveau, la solution la plus simple au rattrapage

Faire monter ou descendre l’avion lent ou rapide. Cette solution courante pose néanmoins le problème de l’optimisation du vol. En outre, il peut ne résoudre que temporairement la situation. En effet, un autre avion rapide peut se présenter derrière le lent qui a déjà posé problème.

L’offset track

Demander un «offset track», procédé qui revient à créer une sorte de seconde voie temporairement pour permettre à l’avion rapide de doubler. La méthode est simple : un des deux avions suit sa route telle qu’elle est décrite officiellement. L’autre, grâce à son ordinateur de bord (FMS) va s’écarter d’une distance fixée par le contrôleur (entre 5 et 10 nautiques soit 9 à 18 km) pour suivre une route parallèle le temps nécessaire pour doubler. Cette solution reste assez rare car elle se révèle contraignante et surtout nécessite souvent un délai assez long ce qui implique d’être sur que les collègues qui contrôlent les secteurs suivants vont accepter de genre de manœuvres [2] . La place requise par ce genre de pratique est également problématique dans les zones où les espaces sont réduits…

Le guidage radar

La mise en cap qui ressemble étrangement à l’offset track tout en simplifiant les choses. Les pilotes n’ont qu’à suivre des caps spécifiés le temps nécessaire. Le principal inconvénient de cette méthode par rapport à l’offset track : les avions ne suivent plus la route mais juste un cap. Il faut donc s’assurer de les remettre sur la route dès que le problème est réglé….

Alors, ce rattrapage, pas si grave ?

Le rattrapage fait partie des bases du métier. Néanmoins, certaines situations délicates découlent directement de ce phénomène. La vigilance doit être de tous les instants. Un avion rapide peut parfaitement décider de réduire fortement sa vitesse sans forcément le notifier au contrôle aérien. Surprise garantie !

  1. [1]Cela peut générer des retards, sortir l’appareil de son régime optimal ou encore l’amener près de vitesses jugées critiques comme la vitesse de décrochage
  2. [2] Pourquoi refuser ? avoir deux avions en parallèle peut compliquer certains croisements par exemple donc selon le trafic, il faudra peut être changer de solution.