Avec l’avènement des centrales à inertie, il est devenu possible de suivre des trajectoires très précises, tellement précises qu’elles pouvaient s’affranchir des piliers de la radionavigation que constituaient les VOR, NDB et autres TACANs… Ainsi naquirent les points « RNAV », des points judicieusement placés permettant de définir des trajectoires plus simplement qu’avant…
Les moyens de radionavigation classiques
Pendant des décennies, naviguer sans référence visuelle signifiait se fier à des caps, des estimées. Des balises au sol qui transmettent des signaux sont aussi utilisables à bord d’un avion. Du simple émetteur (NDB ou Non Directionnal Beacon) à l’émetteur complexe permettant de définir des radials (VOR), ces radiobalises permettaient un positionnement efficace et relativement simple. Néanmoins, ces systèmes posent quelques problèmes. Les coûts d’installation impliquaient forcément un nombre limité d’équipement. Accessoirement les coûts de maintenance sont non négligeables : révisions, calibrations, réparations…
Les centrales à inertie, une nouvelle ère.
Ces systèmes gyroscopiques permet aux avions, même en l’absence de moyens de radionavigation, de continuer à pouvoir calculer leur position. Il faut toutefois s’assurer de les recaler régulièrement pour éviter de trop grosses erreurs. Leur précision s’altère avec le temps.
Pour simplifier à l’extrême, au sol, la centrale est recalée avec précision et cela permet à l’avion de disposer d’un positionnement précis. Les moyens de radionavigation se retrouvent relégués pour les avions plus petits (le coût de ses dispositifs est élevé au début) ou pour ceux dont la centrale n’est plus assez précise, voire en panne.
L’apparition du positionnement par satellite a accéléré le phénomène. Il permet, même aux avions non équipés de centrales à inertie, d’avoir un positionnement très précis…
L’intérêt du point RNAV
Avant, à chaque évolution de route, il fallait se baser sur le maillage existant. Sinon il fallait les moyens de créer une nouvelle aide à la radionavigation. Cela limitait largement les possibilités. Par exemple, dans le sud est de la France, si vous arriviez dans le coin de Moulins et vous alliez vers Nice, les routes « logiques » passaient par MOU (Moulins), MTL (Montélimar), DGN (Digne), NIZ (Nice) ou bien, si vous préfériez la côte, pour éviter certains reliefs, cela pouvait être MOU-MTL-MTG (Martigues)-STP (Saint TroPez). Il ne s’agit pas des vraies routes (ni des vrais noms selon l’époque) mais juste d’itinéraires envisageables en considérant un environnement utilisant exclusivement des moyens de radionavigation. Notez que tous les moyens possèdent un nom composé de 3 lettres… Dans les faits, il en existent d’autres avec deux lettres uniquement.
Avec un avion capable de calculer précisément sa position, il devenait possible de définir des points virtuels sur lesquels accrocher des routes : de cette manière, certaines trajectoires pouvaient être optimisées, séparées d’autres routes pour soulager certains itinéraires surchargés, les croisements améliorés, etc… Les points RNAV présentent la particularités d’être composés de 5 caractères.
Comment sont définis les points RNAV ?
Ils sont d’abord choisis pour leur positionnement, ce dernier pouvant parfois être explicité par rapport à des moyens de radionavigation classiques pour des avions ne disposant pas de systèmes de navigation assez précis. Leur nom est souvent à l’image de ceux des moyens de radionavigation, évocateur de leur localisation :
- AFRIC pour Saint Affrique ,
- LUNEL pour la ville du même nom
- MEZIN pour la proximité du mont Mézenc
- KANIG pour la proximité du pic du Canigou
D’autres point RNAV n’évoquent qu’un thème comme certains points situés en Méditerranée. La référence au thème marin est claire : MERLU (célèbre point entre la Corse et le continent), BALEN, ETOIL(e de mer), autrefois COUTO…
D’autres points semblent n’avoir aucun sens particulier, les combinaisons de 5 caractères n’étant pas infinies et pourtant ils peuvent parfois prêter à sourire comme feu le point NIBAR, ancien point RNAV de la région parisienne… Il faut aussi parfois y voir un clin d’oeil comme SULOT [1] faisant référence à un chef CA aujourd’hui à la retraite….
Et après ?
Difficile de dire ce qui nous attend. En effet, même si les points RNAV, ont révolutionné le contrôle aérien en optimisant les routes, ces dernières restent très loin de la ligne droite (ou de l’orthodromie). L’avenir serait, selon certains, au Free Route. Le Free Route ? Un espace sans route où chacun vole sur la trajectoire optimale mais cela semble un doux rêve d’ingénieur… Dans SESAR, il est question de « business trajectory », des routes négociées, avant le départ entre l’opérateur de l’avion et les services du contrôle aérien, concept qui semble plus réaliste que le Free Route mais il y a de grande chance que les points RNAV aient encore de beaux jours devant eux car rappelons nous, que malgré cette révolution RNAV, énormément de moyens de radionavigation sont encore en service…
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