Remettez les gaz ! Go Around !

Remettez les gaz reste une instruction assez couramment donnée par un contrôleur aérien. L’action est aussi courante à l’initiative des pilotes… Mais que signifie «remettre les gaz» ?

Dans le jargon aéronautique la notion de «gaz» correspond à la puissance demandée au moteur. Par analogie avec une voiture, c’est l’accélérateur de l’avion. Ainsi à l’expression «pied au plancher» en voiture correspond «pleins gaz» en avion. Les deux évoquent la sollicitation maximale du moteur et donc, théoriquement, toute la puissance disponible.

L’expression dérive certainement de l’américain gasoline (essence) puisque finalement la position dite «pleins gaz» correspond à l’injection massive de carburant sur les moteurs à pistons utilisés en aviation (à ses débuts mais encore aujourd’hui sur les avions légers et les ULM) [1]. Une expression américaine semblable à appuyer sur le champignon existe et fait d’ailleurs référence au mot gas.
Sinon, pour revenir à la partie purement aéronautique, le mot «gaz» se retrouve du coup déclinée de différentes manières:
– «pleins gaz» correspondant à la pleine puissance demandé au moteur de l’avion,
– «réduire les gaz» consiste à diminuer la puissance du moteur,
– un «filet de gaz» évoque un petit ajustement de puissance…

Revenons à notre « remettez les gaz »

Lorsqu’un avion approche de la piste pour se poser, il peut se produire pas mal d’évènements [2] or cette phase du vol est particulièrement délicate [3]. Si un de ces évènements compromet la sécurité de l’atterrissage, le pilote peut être amené à «remettre les gaz». Il s’éloignera avant de tenter à nouveau de se poser. Concrètement, dans le cockpit, alors que l’avion est dans un régime moteur relativement faible, le pilote va mettre «pleins gaz» pour ré-accélérer et reprendre de l’altitude (il était en descente vers la piste)[4].

La remise de gaz peut être décidée par le pilote, par exemple, dans le cas d’une rafale de vent… Elle peut aussi découler d’une instruction du contrôleur. Si un avion occupe la piste sans voir manifestement le temps de la libérer avant que le suivant ne pose les roues, ce dernier sera invité à remettre les gaz.

Mais alors : Go around ? What is it ?

Le terme «Go around» est la traduction de l’expression « remettez les gaz ». L’expression anglaise découle vraisemblablement de la forme de la trajectoire utilisée par les avions pour venir de se poser ou pour s’entraîner au pilotage : un circuit ou tour de piste.

Tour de piste pour un aéroport
Le schéma illustre la notion de circuit standard. Chaque branche porte un nom différent: montée initiale, vent traversier et arrière, base et finale.

Pour en revenir à notre expression «remise des gaz», elle intervient dans la branche appelée «finale» ou «longue finale». Il existe aussi une notion de «courte finale» qui correspond au moment où l’avion va atterrir. La «courte» (sous entendu «courte finale») est souvent utilisée par le contrôleur lorsqu’un avion n’a pas encore dégagé la piste alors que l’avion suivant se trouve en finale : le contrôleur demande alors à l’avion de rappeler en «courte finale» pour l’autoriser à se poser s’offrant un délai supplémentaire car il considère que le premier devrait libérer la piste dans les temps.

  1. [1]Les avions à hélice commerciaux d’aujourd’hui sont souvent propulsés par des turbopropulseur dont le principe est similaire au turboréacteur : une turbine système assez éloigné des moteurs à pistons.
  2. [2]rafale de vent, mauvaise trajectoire, un autre avion occupe la piste, etc.
  3. [3]Une grande proportion des accidents se produisent pendant les phases d’atterrissage et de décollage.
  4. [4]Cette approche simpliste reste la base sur pas mal d’avions mais des procédures plus complexes existent sur les avions de ligne qui suivent des trajectoires très spécifiques à cause d’autres appareils évoluant à proximité.

3 réflexions sur « Remettez les gaz ! Go Around ! »

  1. Avons nous le droit de faire un 360 en finale si un avion nous gêne à l’atterrissage

    • Mon opinion: mieux vaut remettre les gaz si on n’est pas seul dans le circuit: plus safe.
      Sur un aérodrome contrôlé c’est normalement le contrôleur qui donnera l’instruction de remise de gaz, ou qui proposera une option de retardement; il est de bon ton de faire une demande pour toute manœuvre qui n’est pas la remise de gaz; sauf évidemment urgence particulière qui le nécessite.

  2. Bonsoir,

    Dans l’absolu, tout est possible puisque le commandant de bord reste le dernier maître à bord ! Donc, même si rien ne l’en empêche, il pourrait devoir s’expliquer. En effet, si un pilote qui arrive derrière dépose un airprox ou que le contrôleur estime la manœuvre dangereuse et le signale via une Fiche de Notification d’Evènement (FNE), le pilote devra justifier sa décision.

    D’une manière générale, dès lors que le terrain est contrôlé, il est préférable de demander l’autorisation préalablement. Maintenant, ce n’est pas toujours possible (saturation de fréquence, urgence de la manœuvre, etc.) et le CdB doit savoir s’adapter et passer outre le contrôle !

    Il vaut mieux une bonne explication mais être en vie…

    Chak!

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